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Newsletter du 2021-05-27

 
  En ce moment dans le milieu agricole, outre le froid d'avril et l'excédent d'eau du mois de mai, les prochaines votations sont clairement le sujet de discussion no 1 et échauffent les humeurs.

Les panneaux 2x non ont fleuri un peu de partout, les articles dans les journaux nous avertissent que si les initiatives passent les intoxication alimentaires augmenteront, que la Suisse ne parviendra plus à s'approvisionner en suffisance et que les prix exploseront.
Depuis plus de 10 ans, nous avons fait le pari d'une agriculture sans pesticides et sommes d'avis que celle-ci devrait et pourrait être accessible à tous. (peut-être avons-nous tort.. nous ne l'espérons pas)

Les pesticides (qu'ils soient de synthèse ou « naturels ») sont une arme à double tranchant. Il faut reconnaître qu'en cas d'urgence et utilisés à bon escient, ils permettraient d'assurer nos arrières. Avec un bon fongicide, on aurait pu éviter des famines historiques (... d'un autre côté l'Amérique ne serait peut-être pas anglophone aujourd'hui...).
Il est aussi incontestable que les pesticides et engrais de synthèse peuvent augmenter les performances d'une parcelle sans surcroît notoire de travail (en tout cas sur du court terme). Dans le sport, on appelle cela le dopage et la grande majorité d'entre nous estiment que le rapport bénéfice -risque est tel qu'il parait judicieux de l'interdire. Gageons que si le dopage des sportifs serait profitable à nos porte-monnaies, le débat serait différent.
Donc pour en revenir aux pesticides, comme pour les autres produits pharmaceutiques, il convient de lire la notice d'emballage jusqu'au bout avant de décider en connaissance de cause quelle place nous désirons leur attribuer dans notre vie. Quelle prix sommes nous prêts à payer pour une alimentation abondante et bon marché ?

N'oublions pas que sur chaque bouteille de pesticide, il est clairement indiqué qu'il s'agit d'une substance toxique extrêmement dangereuse... Non moins de 2,5millions de tonnes en sont utilisés chaque année dans le monde causant selon les sources 350 millions d'intoxications sévères par année et selon l'OMS quelque 375'000 morts (dont une grande partie de suicides d'agriculteurs (majoritairement en Asie... pour qui ils ne représentaient visiblement pas une solution miraculeuse qu'on veut bien nous faire croire). L'utilisation de pesticides dans le monde a augmenté de 81% de 1990 à 2020 ( et de 485% en Amérique du sud!!). C'est une drogue légale à laquelle l'humanité est devenue accro mais est-ce bien raisonnable de continuer ainsi ?

Un argument majeur semble indiquer que nous n'avons pas le choix et que sans pesticides nous ne pourrions pas produire assez pour nourrir la planète. Ceci ne se vérifie que si nous partons du principe que notre mode d’alimentation est durable et peut perdurer ainsi et même s'étendre aux quelque 7 milliards d'individus faisant actuellement partie des pays émergeants ou du tiers monde. (ce qui n'est mathématiquement pas possible)

L'argument que sans pesticides, la Suisse ne pourrait plus assurer sa souveraineté alimentaire (quel beau terme) passe sous silence que nous sommes très loin de nous trouver dans cette situation aujourd'hui. Près de 50% de notre consommation est importée.... et accessoirement aussi 50% du fourrage concentré pour l'alimentation animale (surtout porcs et volaille). Ceci se traduit essentiellement par 260'000 tonnes de soja, majoritairement en provenance du Brésil (dont nous critiquons ouvertement les pratiques agricoles et la déforestation massive... mais la viande ainsi produite est suisse et donc politiquement blanchie).
260 '000 tonnes par an, cela représente quand-même 30 kg par habitant. A titre de comparaison nous consommons en moyenne 5.5kg de riz et 9.5 kg de pâtes par personne.

Si le chiffre +485% de pesticides de synthèse en Amérique latine vous a frappé quelques lignes plus haut, celui-ci est parfaitement corrélé avec celui de l'importation du fourrage concentré susmentionné (+500% en 10 ans..). Évidemment que notre petite Suisse n'est pas seule en cause, mais difficile de nier une coresponsabilité.. et là on ne parle que des pesticide et pas encore de la déforestation ni de la catastrophe sanitaire de régions complètes intoxiquées par des pesticides pulvérises par avion.

Pour en revenir à la souveraineté alimentaire : si on le voulait et avec quelques concessions, nos sols pourraient produire très largement de quoi nourrir toute la population suisse.. et ceci sans pesticides. La surface agricole dédiée au maraîchage n'est que de 1% (non, il ne manque pas de 0). Sur cette surface nous parvenons donc à cultiver la moitié de nos besoin en légumes. Même avec un passage en bio qui entraînera une diminution de productivité d'environ 30% on peut donc estimer que 4% de la surface agricole pourraient couvrir les besoins actuels en légumes (mais sans tomates en hiver). Evidemment là, je ne parle que de légumes.. mais cela donne un aperçu. La concession devrait se faire sur la consommation de viande et autres produits animaux... pas besoin de devenir végétariens pour autant, mais une diminution de 15-20% devrait être consentie. Enfin rappelons que les initiatives ne visent pas l'interdiction des importations mais juste une régulation ...

Evidemment les pesticides ne sont qu'un aspect du problème... car avec ou sans, notre mode de vie actuel utilise trop de ressources. Le jour de dépassement de la terre en Suisse a été atteint le 11 mai et il ne suffira en rien de limiter les pesticides de synthèse et taxer les billets d'avion pour remédier au problème. On peut s'autocongratuler d'être champions du monde du tri des déchets et essayer de se convaincre que le réchauffement climatique n'est qu'une hallucination collective, cela ne changera rien au fait qu'à défaut de planète de réserve, nous sommes tous dans le même bateau et qu'il est grand temps de changer de cap. Peut-être que la technologie nous sauvera tous, mais dans le doute, un plan B ne serait peut-être pas de trop . Non ?


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Ajout après envoi du mail suite à une remarque (justifiée) d'un de nos abonnés qui constate le manque de sources citées: donc voici quelques infos à ce niveau:

Bonjour

Effectivement, on trouve toutes sortes de chiffres et je n'avais pas vraiment le temps de me lancer dans une publi scientifique complète :)

Pour le mail du 3 juin, le seul chiffre concerne les 20% de diminution de viande... c'est une estimation, mais quoi qu'il en soit, vouloir du tout bio sans changer les habitudes alimentaires sera effectivement (cela m'embête de l'avouer) contreproductif, car nous bloquerons plus de surfaces agricoles globales (et cette surface qui manquera alors sera très vraisemblablement compensée par de le déforestation ailleurs). Mais il faut savoir si on débat que d'un point de vue santé ou si on veut vivre de manière plus durable... (l'idéal serait les deux) Pour vraiment bien faire, il faudrait évidemment diminuer la consommation de bien plus que 20%...

Pour le mail de la semaine passée, j'ai sorti effectivement pas mal de chiffres: les quantités d’importation de soja sont relativement officiels et proviennent du service de l'agriculture (via office fédéral des statistiques ?) , après on peut parler d'aliment concentré et pas que de soja.... et là on arrive forcément à d'autres chiffres ( 1,4 million de tonnes d’aliments pour animaux en 2019, selon Greenpeace. (Chiffre probablement pas faux, mais de source qui me paraissait un peu trop attaquable) .

Ici (https://www.sojanetzwerk.ch/fileadmin/user_upload/Downloads/soja-factsheet-fr_170829.pdf) on trouve le chiffre de 285'000 tonnes pour 2015: Et vu que ce n'est pas un organisme militant écologique, je pense que le chiffre n'est certainement pas exagéré...
Ils relèvent aussi que 86% des protéines affouragées dans la production de viande suisse sont importées.. or pour les porcs et la volaille, c'est la majeure partie de l'alimentation (on voit des vaches allaitantes dans des prés, mais question porcs et volaille c'est calme ...). A se demander donc à quel point notre viande Suisse est réellement Suisse ?
Et même si cet aliment importé est écologiquement un peu au dessus de la moyenne (pas d'OGM) de ce qui est produit au Brésil, cela reste plus que discutable.

La quantité de pesticides utilisés au niveau mondial sont tirées d'internet. C'est une moyenne plutôt basse des différents chiffres - au hasard, on trouve p.ex aussi: "Selon la FAO, 4,6 millions de tonnes de pesticides chimiques sont pulvérisés dans le monde chaque année..."

385 millions d'intoxications aux pesticides par an dans le monde: ce chiffre vient du réseau Pesticide Action Network sur la base de plus de 150 publi scientifiques, texte complet ici: https://bmcpublichealth.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12889-020-09939-0
Je reconnais que là on a probablement une source à tendance militante, mais cela a quand même été publié dans une revue scientifique

Enfin, question décès par pesticides on trouve un peu de tout, sur cette page de l'OMS (https://www.who.int/ipcs/poisons/en/) c'est le chiffre de 370'000 cas qui est indiqué. A noter que le chiffre de > 200'000 morts par année a largement circulé sur internet (il y des années déjà), c'est l'estimation du nombre de suicides par ingestion de pesticides (majoritairement en Asie) .. d'il y a 35 ans (sic). Enfin, tout reste une question de méthodologie: est-ce que les cancers et autres maladie chroniques développés par des personnes habitant dans des régions où le glyphosate est épandu par avion compte dans ces statistiques (à vrai dire j'en doute.. si on en tenait compte, je suis prête à parier que les pesticides ont un coût en années de vies perdues nettement supérieur à celui généré que la (ou le) COVID)

J'espère que cela répond un peu à vos questions....

On peut trouver des milliers d'autres chiffres, on peut trouver des arguments en faveur des pesticides (perso je n'en veux pas, mais utilisés à bon escient, why not.. )... mais le fait est que, qu'on le reconnaisse ou non, on a un problème. (et les votations à venir ne le résoudront pas, indépendamment de l'issue). Ce qui peut aider en revanche c'est d'informer, éduquer car personne ne veut délibérément détruire ni l’environnement, ni la santé de travailleurs à l'autre bout de la planète... mais notre société nous aide tellement bien à ne pas voir ce que nous avons pas tellement envie de voir... mais planter la tête dans le sable n'est pas une solution.

Les gouvernements ont su se mobiliser pour limiter la propagation du COVID (sans discussion si les actions était fondées ou non). Ils ont prouvé que s'ils désirent agir et informer de manière rapide et ciblée, ils en sont capables.. alors pourquoi tant de mollesse quand il s'agit de sauvegarder une planète à peu près intacte pour les générations futures. </i>